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9 juillet 2008

Amélie NOTHOMB - Hygiène de l'assassin

***

(par Annabelle)
Nothomb___hygi_ne_de_l_assassinLes deux parties de ce titre sont dévoilées assez tard dans l'histoire, bien que la première reste assez... bizarrement dite jusqu'au bout et après...

C'est l'histoire d'un prix Nobel de littérature du nom de Prétextat TACH - comme quoi, il l'a mérité, son prix - qui, après avoir passé toute sa carrière à refuser le moindre journaliste, décide - après que son médecin lui ait annoncé sa mort imminente - d'en recevoir cinq lors d'interviews en tête à tête.
Il se jouera méchamment de tous et ira jusqu'à les effrayer, les humilier et les briser complètement...
Pourtant, la cinquième - ouioui, une femme - lui tiendra tête. C'est là que commence véritablement le roman, qui est en fait une succession de répliques cassantes venant de chaque côté du dialogue.

Extrait :

« Son secrétaire, Ernest Gravelin, vivait quatre étages plus haut mais évitait autant que possible de le voir ; il lui téléphonait régulièrement et Tach ne manquait jamais de commencer la conversation par : « Désolé, mon cher Ernest, je ne suis pas encore mort. »
Aux journalistes sélectionnés, Gravelin répétait cependant combien le vieillard avait un bon fond [...] « Bien sûr, il nous terrorise tous, et moi le premier, mais je soutiens que ce masque agressif est une coquetterie : il aime jouer à l'obèse placide et cruel pour cacher une sensibilité à fleur de peau. » Ces propos ne rassurèrent pas les chroniqueurs qui, du reste, ne voulaient pas guérir d'une peur qu'on leur enviait : elle leur conférait une aura de correspondants de guerre.
»

J'ai beaucoup aimé le personnage de Prétextat TACH. Une pourriture, il n'y a pas d'autre mot. Mais avec un esprit tellement tordu qu'il en devient génial !!! Un exemple : extrait avec le 3è journaliste :

« - Alors, la guerre a commencé ?
- Pas encore, monsieur Tach.
- Elle va commencer, quand même ?
- A vous entendre, on croirait que vous l'espérez.
- J'ai horreur des promesses non tenues. Une bonde de rigolos nous a promis une guerre, pour le 15 à minuit. Nous sommes le 16 et il ne s'est rien passé. On se fout de la gueule de qui ? Des milliards de téléspectateurs sont aux aguets.
- Êtes vous pour cette guerre, monsieur Tach ?
- Aimer la guerre ! Enorme ! Comment peut-on aimer la guerre ? Quelle question ridicule et inutile ! Vous en connaissez, vous, des gens qui aiment la guerre ? Pourquoi ne pas me demander si je mange du napalm au petit déjeuner, tant que vous y êtes ? [...]
- Bien. Donc vous n'aimez pas la guerre, mais vous voulez qu'elle ait lieu ?
- Dans l'état actuel des choses, c'est une nécessité. Tous ces petits cons de soldats bandent. Il faut leur donner l'occasion d'éjaculer, sinon ils auront des boutons et reviendront en pleurant chez leur maman. Décevoir les jeunes, c'est moche.
»

Voilà un extrait des plus communicatifs, mais pas le meilleur... !
Sinon, j'ai personnellement trouvé quelques longueurs, et j'ajouterais même que l'ambiance bizarre et désagréable du livre est tellement...... communicative lorsqu'on lit que j'avoue avoir eu quelques difficultés à reprendre le livre par moments... me disant "brrr..... je vais encore être de mauvais poil..."
Finalement, la fin est aussi tordue que l'auteur - celui du et celui dans le livre - mais une bonne fin néanmoins.
-> Une fois le livre fini, cependant, et quelques années après encore, j'en garde néanmoins un excellent souvenir : étant fan des dialogues aux piques cinglantes, c'est une de mes références en la matière !

                                                                              (édité en Livre de Poche)

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Commentaires
A
Bonjour Louise,<br /> à vrai dire, je ne sais pas très bien non plus... à chacun de trouver son interprétation...
L
Salut, j'aimerais savoir que signifie le titre du livre exactement? (Hygiène de l'Assassin)
M
Chère Annabelle<br /> <br /> Bonjour, et merci infiniment pour votre réponse. J'ai tardé e à la lire, mais je suis très content de l'avoir lu. <br /> <br /> Je ne sais si possible, mais j'aimerais tant lier connaissance avec vous "pour l'amour de la lecture". Espérant que ce merveilleux site internet le permet, voici mon e-mail: mohamedhammouda@hotmail.com<br /> <br /> Je suis actuelle mt passionné de la lecture des œuvres complètes de Georges Simenon. Et j'ai lu quelques chef-d'œuvre de son maitre spirituel: Alexandre Dumas.<br /> <br /> Mohamed Hammouda.
A
Je ne suis pas sûre qu’il s’agisse du bon passage, mais il me semble correspondre, donc essayons :<br /> <br /> [Prétextat Tach prétend que, s’il est célèbre, c’est que personne ne l’a jamais lu, le 3è journaliste le contredit] :<br /> <br /> - Au fond, ce prix Nobel ne démentirait-il pas votre théorie ? Ne supposerait-il pas qu’au moins le jury du Nobel vous ait lu ?<br /> - Rien n’est moins sûr. Mais, pour le cas où les jurés m’auraient lu, croyez bien que ça ne change rien à ma théorie. Il y a tant de gens qui poussent la sophistication jusqu’à lire sans lire. Comme des hommes-grenouilles, ils traversent les livres sans prendre une goutte d’eau.<br /> - Oui, vous en aviez parlé au cours d’une entrevue précédente.<br /> - Ce sont les lecteurs-grenouilles. Ils forment l’immense majorité des lecteurs humains, et pourtant je n’ai découvert leur existence que très tard. Je suis d’une telle naïveté. Je pensais que tout le monde lisait comme moi ; moi, je lis comme je mange : ça ne signifie pas seulement que j’en ai besoin, ça signifie surtout que ça entre dans mes composantes et que ça les modifie. On n’est pas le même selon qu’on a mangé du boudin ou du caviar ; on n’est pas le même non plus selon qu’on vient de lire du Kant (Dieu m’en préserve) ou du Queneau. Enfin, quand je dis « on », je devrai dire « moi et quelques autres », car la plupart des gens émergent de Proust ou de Simenon dans un état identique, sans avoir perdu une miette de ce qu’ils étaient et avoir acquis une miette supplémentaire. Ils ont lu, c’est tout : dans le meilleurs des cas, ils savent « ce dont il s’agi ». Ne croyez pas que je brode. Combien de fois ai-je demandé, à des personnes intelligentes : « Ce livre vous a-t-il changé ? » Et on me regardait, les yeux ronds, l’air de dire : « Pourquoi voulez-vous qu’il me change ? »<br /> - Permettez-moi de m’étonner, monsieur Tach : vous venez de parler comme un défenseur des livres à messages, ce qui ne vous ressemble as.<br /> - Vous n’êtes pas très malin, hein ? Alors, vous vous imaginez que ce sont les livres « à messages » qui peuvent changer un individu ? Quand ce sont ceux qui les changent le moins. Non, les livres qui marquent et qui métamorphosent, ce sont les autres, les livres de désir, de plaisir, les livres de génie et surtout les livres de beauté. Tenez, prenons un grand livre de beauté : Voyage au bout de la nuit. Comment ne pas être un autre après l’avoir lu ? Eh bien, la majorité des lecteurs réussissent ce tour de force sans difficulté. Ils vous disent après : « Ah oui, Céline, c’est formidable », et puis reviennent à leurs moutons. Evidemment, Céline, c’est un cas extrême, mais je pourrais parler des autres aussi. On n’est jamais le même après avoir lu un livre, fût-il aussi modeste qu’un Léo Malet : ça vous change, un Léo Malet. On ne regarde plus les jeunes filles en imperméable comme avant, quand on a lu un Léo Malet. Ah mais, c’est très important ! Modifier le regard : c’est ça, notre grand-œuvre.<br /> - Ne croyez-vous pas que, consciemment ou non, chaque personne a changé de regard, après avoir fini un livre ?<br /> - Oh non ! Seule la fine fleur de lecteurs en est capable. Les autres continuent à voir les choses avec leur platitude originelle. Et encore, ici il est question des lecteurs, qui sont eux-mêmes une race très rare. La plupart des gens ne lisent pas. A ce sujet, il y a une citation excellent, d’un intellectuel dont j’ai oublié le nom : « Au fond, les gens ne lisent pas ; ou s’ils lisent, ils ne comprennent pas ; ou, s’ils comprennent, ils oublient. » Voilà qui résume admirablement la situation, vous ne trouvez pas ?
M
Bonjour<br /> Je voudrais, s'il vous plais, avoir l'extrait du même livre d'Amélie Nothomb "L'hygiène de l'assassin" qui parle des livres et de l'effet que leur lecture doit faire sur le lecteur une fois le livre lu. C'est le meilleur passage de ce bon livre et je voudrais le relire, mais malheureusement je ne puis avoir le livre a ma disposition.<br /> Merci.<br /> Mohamed Hammouda<br /> mohamedhammouda@hotmail.com
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