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Au fil de nos lectures ...

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18 juin 2014

Uwe TIMM : La découverte de la saucisse au curry

Timm - La découverte de la saucisse au curry

(par Alianna)

Voilà un titre qui doit paraître bien caricatural au lecteur français ! Un livre allemand qui parle de saucisse ! Voyons !

En vérité, les avertis savent que la CURRYWURST (la saucisse au curry, vous l’avez deviné) n’est pas qu’un énième plat germanique à base de saucisse, mais l’en-cas le plus populaire outre-Rhin, celui que l’on peut manger (accompagné de frites) pour pas cher à tous les coins de rue…

Une précision quand même : le curry ne se trouve pas dans la saucisse mais dans la sauce qui l’accompagne ! Bref, si l’histoire de la Currywurst vous passionne, rendez-vous à Berlin, au CURRYWURSTMUSEUM, ou sur leur site Internet si vous ne pouvez pas vous y rendre…

Venons-en au roman.

La saucisse au curry ne sert en fait que de prétexte ici pour raconter les souvenirs d’après-guerre d’une vieille dame de Hambourg, vieille dame à qui on attribue volontiers cette découverte.

Elle s’appelle Lena Brücker, elle a une quarantaine d’années en 1945, et quelques jours avant la capitulation, elle recueille et cache chez elle un jeune déserteur allemand.

Ce jeune homme devient son amant. Elle prend soin de lui, se sent revivre, et, pour le garder encore un peu, lui fait croire au-delà de la capitulation que la guerre continue. Bien sûr, il s’apercevra de la supercherie et disparaîtra sans laisser d’adresse…

L’histoire est assez banale.

L’intérêt du roman se trouve ailleurs : dans la description du quotidien de cette Allemagne vaincue et ravagée. Quotidien fait de marché noir, de contrebande, de troc de système D. L’Holocauste est évoqué lorsque les camps sont ouverts et que les journaux allemands regorgent de photos. Lena Brücker partage l’indignation de beaucoup d’Allemands qui, comme elle dit, s’étaient bien rendu conte que des Juifs étaient envoyés travailler dans des camps, certes, mais de là imaginer qu’on les exterminait…  Mais les préoccupations beaucoup plus terre à terre reprennent vite le dessus car il faut continuer de vivre….

Ainsi, nous apprenons comment remplacer des bas de soie par de la peinture et un trait de khôl ; comment préparer un consommé aux écrevisses sans écrevisses, confectionner du café avec des glands de chêne, donner de la consistance au pain en mélangeant de la sciure à la farine… pauvreté, ruines à déblayer, problèmes d’approvisionnement, mais aussi les efforts de la population (des femmes surtout car il n’y avait pas beaucoup d’hommes valides) pour remettre le pays sur pied: l’histoire de Lena nous fait sentir de près cette période !

Et quel est le rapport avec la saucisse alors ? me direz-vous.

Et bien, c’est le jeune amant de Lena qui lui parle de cette épice. Et lorsqu’elle a l’occasion de s’en procurer, elle n’hésite pas. Le mélange avec la sauce tomate est tout à fait fortuit… mais convaincant. Et voilà comment la Currywurst est née !

(traduit de l’allemand par Bernhard Kreiss et paru aux éditions du Seuil)

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28 avril 2014

Henning MANKELL : Tea-bag

Tea-Bag de Henning Mankell(par Pauline)

Dans ce roman écrit en 2001, Henning Mankell avait déjà conscience de l’ampleur des problèmes d’immigration, en particulier  par  voie maritime. En effet, c’est un phénomène qui a pris de l’importance depuis les années 2000 et qui aujourd'hui  seulement est véritablement connu des gens malgré son ancienneté. Il suffit pour cela de citer le drame qui a eu lieu à Lampedusa pour se rendre compte du phénomène, du nombre de personnes qui fuient chaque année, chaque jour, leurs pays en espérant avoir une vie meilleure en Europe.

Prendre comme exemple la Suède n’est certainement pas innocent (abstraction faite de la nationalité de l’auteur) puisque c’est un pays qui est très peu confronté à ces problèmes d’immigration, au vue de ses frontières, à la différence de l’Espagne ou de l’Italie. On le remarque d’ailleurs lorsque Jesper Humlin, un des personnages principaux, découvre qu’il existe de nombreux immigrés en Suède,  puisqu’il va en faire part à son éditeur «  tu ne le sais peut être pas, mais il existe jusqu’à dix milles personnes en Suède aujourd'hui qui vivent de façon totalement illégale ».

Tea-Bag est donc l’histoire de plusieurs personnes, malgré son titre qui ne porte que sur l’une d’entre elles.

Jesper Humlin, poète reconnu en Suède, mais personnage semblerait-il particulièrement caractériel, imbu de sa personne, tenant à son bronzage plus qu’à toute autre chose, et rencontrant des problèmes familiaux, va se voir confronter à une situation particulière.

En effet, un vieil ami qui tient un club de boxe à Göteborg (dont beaucoup d’immigrés sont membres), va insister pour que Jesper ouvre un atelier d’écriture au sein de son club pour trois jeunes filles issues de l’immigration souhaitant apprendre à écrire afin de raconter leur histoire. Il apprendra à connaitre ces filles, en faisant face à la fois aux différences culturelles importantes mais également à leurs nombreux mensonges qui leur permettent de se protéger du reste du monde.

Tea-bag, Nigériane, survivante d’une embarcation de fortune, s’est retrouvée dans un camp espagnol duquel elle s’évadera afin d’atteindre la Suède, pays qui lui a été présenté par un journaliste comme s’intéressant aux « histoires » d’immigrés. Elle racontera son histoire, celle de la traversée de l’Europe afin d’atteindre la Suède, à pied, en barque, en camion et les difficultés auxquelles elle a dû faire face.

Tania, venant de Russie s’attendait à sortir de la pauvreté grâce à emploi dans un restaurant de luxe en Estonie qu’un inconnu lui avait promis. Elle sera trahie et entrera dans le monde de la prostitution contre son gré. Elle s’enfuira alors, rejoignant la Suède à la rame et survivra grâce à son talent de pickpocket.

Leïla quant à elle, Iranienne venue en Suède avec sa famille lorsqu’elle était encore enfant, exprimera la déception qu’elle a ressenti en arrivant dans un pays dont la liberté qui lui avait tant été vantée, restera une liberté sous contrôle du joug familial.  

C’est donc avec ces filles, et grâce à elle, à leurs récits que Jesper Humlin découvrira la réalité de l’immigration et surtout le nombre de personnes que cela concerne. Cependant, bien qu’il souhaite écrire un livre sur ces jeunes filles, cela signifierait leur voler leurs idées, leur histoire qu’elles souhaitent raconter elles-mêmes à travers un livre.

C’est donc un roman qui confronte l’envie d’un poète de relancer sa carrière à travers un nouveau livre et le fait pour lui d’aider ces filles à dévoiler leur vie, leur passé, au grand jour à travers leurs propre écriture. C’est à se demander, si Mankell ne serait pas ce Jesper Humlin écrivant malgré tout ce livre « Tea-Bag », puisque dans la postface il est clairement dit que celui-ci a entendu tous ces récits…

« Tea-Bag » est donc touchant. Je ne pense pas qu’il soit moralisateur, mais il montre clairement la difficulté pour les immigrés de savoir à la fin d’où ils viennent, et surtout qui ils sont. Effectivement, afin qu’ils ne soient pas identifiés et renvoyés dans leur pays d’origine, leurs passeports, qu’ils soient vrais ou faux, seront en permanence détruits.

Ce sont des « gens sans visages » comme le mentionne le journaliste suédois au début du livre. Ils ne souhaitent pas l’être, mais qui y sont contraints pour survivre.

« Je ne sais pas pourquoi j’ai survécu, moi précisément, quand le bateau a coulé et que les gens enfermés dans le noir essayaient de sortir de ma cale avec leurs ongles. Mais je sais que le pont que nous avons tous cru voir, sur cette plage tout au nord de l’Afrique, ce continent que nous fuyions et que nous regrettions déjà – ce pont sera construit un jour. Un jour, la montagne de corps entassés au fond de la mer s’élèvera si haut que le sommet émergera hors des vagues comme une nouvelle terre, et ce pont de crânes et de tibias fera le lien entre les continents, un lien qu’aucun garde-côte, aucun chien, aucun marin ivre mort, aucun passeur ne pourra détruite. Alors seulement cette folie cruelle cessera, cette folie où des gens innombrables dans des sous-sols et d’être les hommes de cavernes de l’ère nouvelle. » (p. 341-342, éd. Points format poche)

18 avril 2014

Sorj CHALANDON : Le quatrième mur

 

Chalandon - Le quatrième mur

(Place à ma fille Pauline pour parler de ce roman ...)

Comment décrire un livre qui a fait naître en moi un malaise, mais pas seulement. Il m’a fait craindre un moi intérieur malsain qui ne décollait pas ses yeux des lignes de ce livre empli d’horreur.

Voilà ce que j’ai ressenti à la fin de cette lecture intitulée  « Le quatrième mur ».

Bien qu’au début il me fût difficile de comprendre où l’auteur voulait en venir, entre un flashback par ci et un flashback par là, il faut s’accrocher et passer la cinquantaine de pages, et on finit par reprendre le cours de l’histoire et l’on découvre comment un rêve peut se transformer en cauchemar…

En pleine guerre du Liban (1982), Sam, un juif grec demande à son ami français George d’ y mettre en scène la pièce de théâtre « Antigone ».

Il va donc aller au Liban où son but sera non seulement de respecter sa parole donnée à un « frère », mais surtout de regrouper au sein de cette pièce des membres des différents groupes religieux présents au Liban. Pour ce faire, George se déplacera  dans chaque région afin de convaincre les chefs de ces groupes de donner leur permission pour qu’un de leur membre puisse participer à cette pièce. Après moult négociations, deviendront acteurs sur une seule et même scène des phalangistes, des druzes, des sunnites, des chiites, une chaldéenne, une arménienne et un maronite. Ils devront tous surmonter leurs différences séculaires, et ils seront ainsi regroupés dans un but de paix momentanée, oubliant leurs origines, leurs rivalités, et ne se vouant plus qu’au seul personnage qu’ils doivent incarner.

Jusque là, le plus dur semble être passé. Tout semble parfait, l’objectif de cette mission paraît idyllique et sans aucune arrière-pensée politique ou autre.

Cependant, ce rêve de trêve va se briser par une reprise violente et soudaine des combats, forçant la troupe à se retrouver à nouveau divisée.

Entre blessures, perte de son Antigone et découverte d’une réalité, le monde de George va  s’écrouler, ce monde, qui ne tournait plus qu’autour de la pièce et de ses acteurs.

On peut s’en douter, et l’auteur nous le « montre » très bien, cette guerre fut un charnier monstrueux. Notre personnage principal ne s’en remettra pas psychologiquement, le mettant face aux pires visages que l’être humain puissent prendre. Sa femme ou même sa fille n’arriveront pas à le sortir de ce cauchemar, lui ne comprenant même plus comment sa fille puisse se permettre de pleurer pour une glace tombée par terre.

Ce livre écrit de manière très active, enchaînant des phrases très courtes (sujet, verbe et éventuellement complément) fait paraître les évènements encore plus réels. Pas besoin de mots inutiles, des mots parfaitement choisis suffisent, oscillant entre description des lieux et des sentiments : « un homme, pieds nus, en pyjama », « Je n’étais rien. Je n’existais pas »…

Je vais tenter d’expliquer mon ressenti malsain, mon sentiment de faire du voyeurisme.  Dès l’instant où j’ai commencé à lire la description du quartier dans lequel une partie des massacres avaient été commis, je n’ai pu décoller mes yeux du livre malgré l’horreur qui s’étalait devant moi. Non pas que je sois ignorante de tout ce qui a pu se passer et qui se passe toujours aujourd'hui, que se soit ou non en période de guerre, mais en raison de cette description à la fois courte et précise, et les images qui se bousculaient dans ma tête, je n’ai pas réussi à m’arrêter de lire, me demandant parfois si je n’en souhaitais pas plus, car il faut l’avouer, ça rendait le livre d’autant plus passionnant.

C’est donc un livre loin d’être décevant ! Certes un peu long à mettre en place, surtout au vu du  rythme qu’il prend par la suite. On ne s’attend pas forcément à cette fin et on espère jusqu’au bout avec George, qu’Antigone renaitra. Mais au lieu des rideaux du théâtre, c’est le quatrième mur que George traversera, « celui qui protège les vivants ».

« Et voilà. Sans la petite Antigone, c’est vrai, ils auraient tous été bien tranquilles. Tous ceux qui avaient à mourir sont morts. Ceux qui croyaient une chose, et puis ceux qui croyaient le contraire – même ceux qui ne croyaient en rien et qui se sont trouvés rapidement pris par l’histoire sans rien y comprendre. Morts pareil, tous, bien raides, bien inutiles, bien pourris. Et ceux qui vivent encore vont commencer à les oublier et à confondre leurs noms. C’est fini. »  (Epilogue, Antigone 1942)

(paru en 2013 aux Editions Grasset)

7 avril 2014

Antoine VOLODINE : Des anges mineurs

Volodine - Des anges mineurs

(par Alexandra)

Oh qu’il est drôle, ce livre !
J’ironise ! En fait, je crois que je n’ai rien lu d’aussi démoralisant depuis le « La route » de Cormack McCarthy, et ça fait longtemps !
Ces « anges mineurs » représentent mon entrée en matière de « post-exotisme » volodinien… D’habitude, j’ai plutôt tendance à éviter la littérature fantastique. Mais comme j’ai voulu participer à « L’auteur du mois » de « Lecture/Ecriture », je me suis forcée !
Surprise : je ne suis pas déçue ! Certes, ce livre est déconcertant, mais il se lit bien, très bien même par moments, et on est vite entraîné dans les méandres de cet univers tout en y comprenant strictement rien !
Alors, de quoi s’agit-il ? Je vais essayer de faire la synthèse de ce que j’ai saisi (donc attention aux spoils, mais comme il n’y a pas vraiment d’action, ce n’est pas grave) :
Le livre est composé de 49 NARRATS de 2 à 3 pages chacun. Ce sont des scènes sans tenant ni aboutissant et apparemment sans véritable lien entre elles. Elles portent toutes comme titre le nom d’un personnage (noms plus qu’exotiques, d’ailleurs !) et sont narrées par Will Scheidmann. Mais cela, on ne le comprend pas tout de suite.
Will Scheidmann a été cousu de toute pièce par des « aïeules » tricentenaires et immortelles (des chamanes, quoi !). Contre son gré, elles lui ont « confisqué son inexistence » pour qu’il sauve la société égalitaire. Pour ce faire, il doit « éliminer les ultimes hommes de pouvoir encore en exercice », puis « approfondir la révolution jusqu’à ce qu’une dynamique quelconque se régénère » et rassembler les survivants qui errent sur la planète. L’avenir du monde repose sur ses épaules.
Or, Will Scheidmann a trahi ses « mères » en rétablissant la société capitaliste. Pour le punir, elles le condamnent à mort. Mais au lieu de l’exécuter rapidement, elles le gardent attaché (combien de temps ???) à un poteau, jusqu’à ce qu’il ressemble à une espèce de golem, à une « meule d’algue » pourvu d’une tête avec une chevelure en « tresses grasses », les bras « pareils à des liasses de lanières vésiculeuses » et de « longues bandes de peau et de chair squameuse » qui « partent du cou et lui cachent entièrement le corps et les jambes ». Entre la vie et la mort, il récite les « narrats » : un par jour, ils servent à combler les trous de mémoire des vieilles, à incruster des images dans leur inconscient et à fixer leur « expérience des hiers qui chantent ». Il les dispose en tas de quarante-neuf unités, et à ces monceaux, il donne un numéro ou un titre. Ainsi, les 49 narrats que nous sommes en train de lire, s’intitulent « Les anges mineurs », ces « anges mineurs » étant en fait les personnages dont les noms constituent les titres des chapitres et qui ont joué un rôle dans le passé. Et hop, la boucle est bouclée !
Si seulement c’était aussi simple ! Dites-vous bien que vous ne retrouverez rien de ce que je viens dire avant d’avoir lu au moins la moitié du livre …
Non, rien n’est simple ici !
Volodine nous plante une ère post-apocalyptique globalisée qui nous invite à réfléchir sur ce qui pourrait rester de notre monde après les guerres, les camps, les -ismes de toute sorte, y compris le capitalisme, l’exploitation outrancière des richesses naturelles, la catastrophe nucléaire… des villes en ruines, des lacs asséchés, des steppes inhospitalières, les déchets industriels, l’invasion des insectes, le cannibalisme: la misère, et encore la misère, tant matérielle que spirituelle, l’extinction de l’espèce pour finir. Je l’ai dit au début : « Les anges mineurs » m’ont beaucoup rappelé « La route », les éléments fantastiques et une sévère critique de la société en plus.
Je ‘ai été convaincue.

Une phrase attrapée au coin d’une page, et qui me plaît bien:
« L’étrange est la forme que prend le beau quand le beau est sans espérance. » (p. 98 dans l’édition Points)

(paru aux éditions du Seuil en 1999, et en format poche chez POINTS)

3 avril 2014

Antoine VOLODINE : Lisbonne dernière marge

Volodine - Lisbonne

(par Alexandra)

J’ai choisi ce livre parce que, dans un résumé d’éditeur, j’ai appris que le personnage principal était une terroriste allemande de la RAF (« Rote Armee Fraktion », la « Fraction Armée Rouge », appelée plus communément la « Bande à Baader »).
Je suis moi-même d’origine allemande, et j’étais adolescente à l’époque du « Deutscher Herbst », l’ »automne allemand », c’est à dire l’automne 1977 qui a constitué en quelque sorte l’apogée du terrorisme allemand, avec l’enlèvement et l’assassinat de Hanns-Martin Schleyer, « patron des patrons » allemands, le détournement d’un avion de la Lufthansa vers Mogadiscio et les « suicides » des membres fondateurs de la RAF dans la prison de Stuttgart-Stammheim.
Je me souviens très bien de l’ambiance dans le pays alors: c’était comme si une nation entière retenait son souffle ! Je me souviens des polémiques politiques, des débats passionnés autour des mesures anti-terroristes prises par le gouvernement social-démocrate de Helmut Schmidt. Je me souviens surtout de la campagne de presse hystérique menée par ce torchon de BILD, et le discrédit jeté sur Heinrich Böll, traité de « sympathisant » des terroristes…. (Relisez donc son « Honneur perdu de Katharina Blum » !)
Moi-même, bien jeune et politiquement innocente à cette époque-là, je n’aurais jamais osé mettre en cause ni les décisions gouvernementales ni la thèse du « suicide » d’Andreas Baader et compagnie! Il a fallu que j’arrive en France pour entendre des sons de cloches différents, pour gagner une certaine distance critique vis à vis de ces événements ; pour me demander aussi pourquoi ces jeunes gens avaient choisi de recourir à une telle violence, et me dire que tout était peut-être bien plus compliqué que les instances officielles allemandes voulait bien le présenter !

J’en viens à « Lisbonne dernière marge ».
Un couple d’Allemands à Lisbonne. Elle, Ingrid Vogel, ancienne terroriste de la RAF, est en fuite. Lui, Kurt Wellenkind, son « dogue », comme elle le surnomme, haut responsable de la lutte antiterroriste, est tombé amoureux d’elle. Au lieu de l’arrêter, il lui a procuré une nouvelle identité et l’a aidée à s’enfuir. A deux, ils arpentent la ville de Lisbonne en attendant le bateau qui doit emmener Ingrid au loin, quelque part en Asie, dans un endroit où elle finira sa « vie massacrée » sous une chape de plomb, sans espoir de retour.
Elle n’a plus qu’un projet : écrire un livre, un roman qui « gifle (…) les esclaves gras de l’Europe, et les esclaves boudinés, et les cravatés, et les patrons militarisés par l’Amérique, et les serfs du patronat, et tous les pauvres types asservis par tous, et les sociaux-traitres et leurs dogues (…) ».
Lui veut l’en empêcher car il sait que ce livre mènera forcément ses poursuivants jusqu’à elle, et jusqu’à lui en même temps.
Elle se croit plus maligne. Ce livre, elle compte bien le crypter pour rendre méconnaissables les protagonistes, l’époque, les événements…
Et ce livre au titre évocateur (« Einige Einzelheiten über die Seele der Fälscher », en français : « Quelques détails sur l ‘âme des faussaires ») représente en fait la majeure partie de « Lisbonne dernière marge ».
A partir de là, tout se complique car il est effectivement crypté. D’un cryptage censé leurrer les spécialistes du BKA (le FBI allemand)… vous vous doutez bien que le commun des mortels n’y comprend strictement rien ! C’est hermétique ! J’avoue que j’ai lu trois chapitres de ce « roman » dans le roman pour finir par sauter ces passages-là.
Je ne dis pas que l’on ne reconnaît pas l’intention de l’auteur (et là, je parle de Volodine) qui veut prêter sa voix à cette « génération perdue ». Disons que Volodine tient tout de même à ce que nous saisissions un minimum. C’est ainsi qu’il donne la parole à Kurt, qui nous fait un résumé de « L’âme des faussaires » dont je vous livre l’essentiel :
Il s’agit d’une « sorte d’anthologie commentée de textes se rapportant à une époque imaginaire, la Renaissance. Une espèce de mise en relation de ces textes avec des personnages vivants, à un moment où la Renaissance traverse une crise aiguë d’identité.
La société que l’on peut deviner la-derrière est fondée sur une manipulation à grande échelle des souvenirs collectifs, sur un écrasement mutilant de la mémoire. (…)
Des collectifs d’intellectuels spécialisés ( …) polémiquent entre elles ; et soit elles s’accommodent de la réalité truquée, en se réfugiant dans l’esthétisme, soit elles cherchent la vérité introuvable (…)  à la frontière de la subversion.
Une construction politique de pure façade administre la société. Elle a été remise depuis des siècles dans les mains de dindons sociaux-démocrates qui exercent une sorte de totalitarisme idéologique de la nullité (…)
Pièce centrale de l’édifice de la Renaissance, la police est vigilante, active et impunie (…)  Elle est dévouée corps et âmes aux véritables maîtres de la Renaissance : les ruches. (…) Les ruches ont falsifié la mémoire de l’homme de la Renaissance, elles disposent à leur guise de son passé, de son devenir, de ses amnésies, de ses faux-semblants, de ses crimes, de ses lacunes, de ses mensonges. (…) » (pages 126 à 128 dans l’édition des Editions de Minuit)
Comme je l’ai expliqué plus haut, je suis un enfant de ce pays et de cette époque-là. Je n’ai donc pas trop de mal à reconnaître l’Allemagne renaissante, la République fédérale d’après-guerre, la question de la mémoire des pères (qui ont voté Hitler et/ou pris part d’une quelconque manière dans le IIIè Reich), leur « lobotomie », c’est à dire leur refus de se souvenir et de répondre aux questions de leurs enfants quant à leur implication. J’ai reconnu aussi les événements des années 70, les attentats, la traque, l’omniprésence policière, les arrestations. Les nombreuses dé- et recompositions de noms, les hétéronymes (de Katalina Raspe à Inge Albrecht en passant par Gudrun Schubert, Elise Dellwo, Adelheid Mohnhaupt, Ulrike Siepmann et beaucoup d’autres) m’évoquent toujours ces visages sur les avis de recherche placardés partout, à commencer par Ulrike Meinhof, Jan-Carl Raspe, Gudrun Ensslin, Ingrid Schubert, Susanne Albrecht, Brigitte Mohnhaupt, Karl-Heinz Dellwo… Il n’y a  qu’à regarder une liste des noms des terroristes allemands, ils s’y trouvent tous.
Je ne suis pas étonnée du tout de l’intérêt que Volodine porte (ou a porté… le roman a paru en 1990) à cette génération de révoltés. Ils correspondent, somme toute, assez bien à sa vision très pessimiste des enjeux de la société, de « l’absurdité impardonnable du monde » (C’est la dernière phrase de « Lisbonne »).
Mais à vrai dire, je ne suis pas convaincue que « Lisbonne dernière marge » ait encore le moindre impact de nos jours, bien que le terrorisme soit toujours d’actualité, et qu’au fond, des parallèles existent si on les cherche bien.
Il reste que ce roman est d’une prodigieuse complexité et ravira tous les lecteurs qui refusent la facilité, qui adorent « creuser », faire des recherches, interpréter, transposer… Pour les autres, il vaudra mieux s’abstenir !

 (paru en 1990 aux Editions de Minuit)

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15 mars 2014

Tracy CHEVALIER : L'innocence

 

Chevalier Tracy - L'innocence

(par Alexandra)

Disons-le d’emblée : ce roman de Tracy Chevalier ressemble comme une goutte d’eau aux autres romans de Tracy Chevalier ! Même recette, mêmes ingrédients, mais effet bien inférieur à « La jeune fille à la perle », par exemple.

On savait déjà que ce n’est pas pour leur qualité littéraire que ses romans se vendent, mais ici on est quand même bien plus proche de la littérature pour jeunes que pour des lecteurs adultes. C’est d’une naïveté et d’une simplicité à pleurer. L’histoire n’a aucun intérêt : une famille du Dorset suit un cirque à Londres où les enfants apprennent la vie… avec des bons et des méchants, et oui…  Là où « La jeune fille à la perle » nous initiait aux secrets de la peinture de Vermeer ou « La dame à la licorne » à ceux de la tapisserie, on apprend ici en deux pages la boutonnerie. Point.

Mais alors pourquoi avoir choisi ce livre, me direz-vous ! Et bien, parce que dans sa description, j’ai lu qu’on y rencontrait le poète William Blake. Chouette, me suis-je dit, j’adore ce poète-peintre-graveur assez extravagant. Pourquoi ne pas plonger dans son univers ? William Blake à la place de Johannes Vermeer, j’étais partante !

Certes, on entre un peu chez les Blake, dans leur jardin plein de ronces aussi. On apprend quelques vers, on apprend que Blake aime bien les contraires, qu’il était mal vu car révolutionnaire (avec un bonnet rouge, s’il vous plaît !). On nous parle de sa gentillesse, de la gentillesse de sa femme, de la taille de sa presse (d’imprimerie) qui remplit une pièce entière, et, UNE FOIS, les enfants accèdent au grand salon où sont exposés les tableaux… qui les étonnent!

Voilà. Et si quelqu’un m’oppose que Tracy Chevalier nous peint merveilleusement le Londres de la fin du 18è (je l’ai lu quelque part), je rigole. Qu’il aille faire un tour ailleurs, ici il n’y a rien à voir.

(traduit de l’anglais par Marie-Odile Fortier-Masek et paru en format poche chez FOLIO)

13 mars 2014

J.M. COETZEE : L'âge de fer

 

Coetzee - L'âge de fer

(par Alexandra)

Assurément, Coetzee est l’un de mes auteurs favoris. Et ce roman-ci ne fait que confirmer tout le bien que je pense de lui !

Nous sommes en Afrique du Sud, à quelques années de l’abolition de l’apartheid. Ayant appris qu’elle mourra dans peu de temps de son cancer, la narratrice, Elizabeth Curren, une femme d’un certain âge, entreprend d’écrire une longue lettre d’amour à sa fille qui vit aux Etats-Unis et qui refuse de remettre ses pieds sur le sol sud-africain.

Or, elle est rattrapée par une série d’événements qui l’amènent à s’interroger sur le monde dans lequel elle vit. Ainsi, à peine rentré de chez le médecin, elle retrouve dans son jardin un clochard dont la mauvaise odeur la fait penser à l’Afrique du Sud ; mauvaise odeur à laquelle on s’habitue, comme elle dit. Elle finira par considérer ce clochard comme son dernier compagnon et il l’accompagnera jusqu’au bout.

Parallèlement, elle assiste à un incident violent : dans la rue devant chez elle, un garçon noir, ami du fils de sa femme de ménage, est renversé intentionnellement par une voiture de police. A partir de cet incident, elle (pourtant pas naïve et résolument contre la ségrégation raciale) prendra conscience des rapports de force entre la police et la population noire, en particulier les adolescents qui, dès l’âge de douze ans, désertent l’école pour ruiner volontairement un éventuel « avenir » dont ils ne veulent pas, « tournent le dos à l’enfance pour devenir brutaux, affranchis » et opposent « une muraille de résistance » à toute parole blanche, aussi bienveillante soit-elle. Elle est entraînée, bien malgré elle, dans une spirale de violence dont elle n’avait pas idée et qui l’ébranle profondément. Elle souhaite ardemment la disparition du régime de Prétoria et ses sbires « stupides », mais en même temps, l’avènement de ces « nouveaux puritains » intransigeants et jusqu’au-boutistes lui fait peur car, rompus à la guerre, ils ont perdu leur humanité.

            Plus sa fin approche, plus elle se replie sur elle-même, laisse aller le reste « à vau-l’eau ». Sa lettre d’amour se mue en cri de solitude. Elle accuse sa fille de l’avoir abandonnée. Elle l’implore de lui revenir. Dans des pages infiniment touchantes, elle lui avoue sa douleur, la douleur de son absence.

            Et c’est cela que j’aime chez l’écrivain Coetzee : il mêle des destins individuels à la critique d’un système, mais sans aucune démagogie ni de doigt levé pour sermonner. Simplement en nous présentant des gens qui nous ressemblent, qui ont leurs problèmes d’ordre privé et qui, dans une circonstance donnée se trouvent confrontés à des événements qui les dépassent. A nous, de nous poser la question comment nous aurions réagi à leur place.

(paru en 1990, et pour la traduction française en 1992 aux éditions du Seuil ; en format poche dans la collection Points)

27 février 2014

Sandor MARAI : L'héritage d'Esther

 

Marai - L'héritage d'Esther

(par Alexandra)

Il y a des gens invraisemblables.

Lajos en est. Le parfait exemple du vaurien qui profite des autres tout en arrivant à leur faire croire qu’il est un être d’exception ! Qui dépouille son entourage tout en le rendant heureux !

Nous faisons sa connaissance à travers le récit d’Esther, une femme plus toute jeune qui ressent le besoin de raconter son histoire à l’approche de la mort.

Il y a vingt ans, Esther et Lajos s’aimaient. Or, pour se marier, Lajos lui a préféré sa sœur. Bien sûr, la blessure est béante. Esther a mis des années à s’en remettre. Mais elle s’en est remise, elle a retrouvé le goût de vivre, de cultiver son jardin.

Vingt ans plus tard, Lajos lui rend visite, accompagné de ses enfants. Malgré ce que l’on pourrait supposer, Esther le reçoit de bonne grâce.  Elle semble même contente de le voir, se disant apaisée, convaincue de ne plus être sensible à son charme…

Je n’en dirais pas plus car le livre est assez mince, et il faut laisser un espace pour la surprise. Rassurez-vous néanmoins, nous ne sommes pas dans un roman à quatre sous ! Elle ne retombera pas dans ses bras !

Non, c’est pire !

C’est un livre TRES agréable à lire. Une écriture limpide, précise, sans fioritures inutiles. Des personnages à la psychologie complexe, contradictoire. Rien n’est blanc, rien n’est noir. Tout est dans les hésitations, les suppositions, tout est dans les non-dits.

C’est très fin, et si je ne dis même pas que cela se passe en Hongrie, que l’auteur est hongrois, c’est aussi parce que cela n’a aucune importance. Ce qui est décrit peut se rencontrer partout et à n’importe quelle époque car il s’agit de comportements et de réactions tout simplement universels !

(traduit du hongrois par Zéno Bianu et Georges Kassai, et paru en format poche chez LDP)

5 février 2014

Edouard LOUIS : En finir avecEddy Bellegueule

 

Louis - Eddy Bellegueule

(par Alexandra)

C’est dur de s’appeler Eddy Bellegueule. Encore plus quand on habite dans un village de campagne déshérité. Et encore plus quand on est efféminé, maniéré, pédé, quoi !

Eddy Bellegueule est devenu Edouard Louis. L’histoire de ce « roman » qui n’en est pas vraiment un, c’est l’histoire (très douloureuse) de son auteur.

Nous sommes dans un village de Picardie. Son nom n’est pas mentionné, mais en Picardie, nous (je dis ‘nous’ car j’habite moi aussi cette région) le connaissons, les médias locaux s'étant bien sûr chargés de le divulguer.

C’est un village comme on en trouve encore beaucoup, pas seulement en Picardie, mais partout, là où rien ne se passe à au moins vingt kilomètres à la ronde, où les habitants vivent depuis des générations, se marient entre eux, restent au village, créent leur propre histoire, leurs propres valeurs, leurs propres lois, dans la crainte de la « ville » et de sa « jungle » et encouragés en cela par la sempiternelle télévision (et pas vraiment les programmes d’ARTE !). C’est un village où la violence ordinaire règne en maître grâce à l’alcool qu’on ingère dès la sortie de l’enfance, où l’on ne donne pas vraiment dans le romantisme…

La famille d’Eddy et de ses quatre frères et sœurs est pauvre. Le père, ancien ouvrier d’usine, ne peut plus travailler en raison de son dos abîmé. Il s’occupe à regarder la télé toute la journée en attendant de retrouver ses copains le soir pour boire (sans modération). Et il va à la pêche pour nourrir la famille quand, à la fin du mois, il n’y a plus d’argent pour acheter de la viande. La mère est une « femme au foyer » qui, depuis sa première grossesse à l’âge de 17 ans, galère « à faire le ménage à la maison et à nettoyer soit la merde de (ses) gosses soit la merde des vieux dont (elle) s’occupe. »

Enfant déjà, Eddy n’est pas comme les autres. Et les autres le lui font sentir. Il fait honte à sa famille. Au collège, il est harcelé violemment tous les jours. Au village, il n’a pas d’amis (garçons) car il n’aime pas le foot, il n’est pas un « dur », malgré tous les efforts qu’il fait pour faire semblant …

Oui, il voudrait tant ressembler aux autres, mais ses efforts finissent par le piéger lui-même. Jusqu’au jour où lui apparait clairement la solution : il faut qu’il s’assume, qu’il s’en aille, il faut qu’il fuie son milieu. Ce qu’il fait. (Grâce à l’école, je précise, et en tant que prof de l’enseignement public, j’en suis fière !)

C’est un livre dur. « Germinal » au 21è siècle ! La critique littéraire très parisienne n’en est pas encore revenue ! Entre étonnement et incrédulité, elle est fascinée par la peinture des mœurs que nous livre là Eddy Bellegueule alias Edouard Louis.

Et oui. Tout cela existe bel et bien. Ayant enseigné pendant un certain nombre d’années dans un lycée de campagne au recrutement d’élèves de familles classées « socialement défavorisées », je peux affirmer que j’ai vu bien pire !

Ce qui est fantastique, par contre, c’est que l’auteur, ce jeune homme de 21 ans seulement, socialement défavorisé à l’origine et homosexuel, ait trouvé sa voie, et ceci brillamment : étudiant en sciences sociales à l’ENS, il a coordonné la publication d’un ouvrage sur Pierre Bourdieu : « L’insoumission en héritage » (PUF). Il a aussi écrit deux articles pour Libé  (http://www.liberation.fr/societe/2011/12/16/lettre-aux-prophetes-de-la-fin-des-temps_782211 ainsi que  http://www.liberation.fr/monde/2012/08/09/pussy-riot-le-double-silence-des-politiques-et-des-feministes-en-france_838726) qui prouvent qu’il est déjà bien loin des préoccupations des habitants de son village. Et tant mieux pour lui !

(paru en janvier 2014 aux éditions du Seuil)

2 février 2014

Marie-Hélène LAFON : L'annonce

 

Lafon - L'annonce

(par Alexandra)

C’est comme dans « L’amour est dans le pré »…

Je ne plaisante qu’à moitié, car c’est l ‘histoire d’un fermier du fin fond de l’Auvergne qui cherche une femme, et d’une femme du fin fond du Nord qui cherche à refaire sa vie loin de chez elle.

Lui, Paul, 46 ans, passe une annonce dans un journal ; annonce lue par Annette, 37 ans, un fils de 12 ans, Eric. Et elle y répond. Ils se rencontrent une première fois, à Nevers, à mi-chemin entre leurs domiciles respectifs, puis une deuxième fois, puis décident de tenter le coup. Annette et Eric s’installent dans la ferme de montagne que Paul habite avec deux vieux oncles et sa sœur célibataire, Nicole.

Bien sûr, tout joue contre eux : les vieux oncles et la sœur voient d’un mauvais œil cette étrangère qui vient « de la ville » et ne connaît rien de la vie de la ferme.

Mais Annette en a vu d’autres. C’est une femme blessée. Blessée par Didier, le père de son fils, petit criminel asocial, alcoolique invétéré, rejeton lui-même d’une « tribu » d’alcooliques asociaux.

Il en coûte à Annette de franchir le pas. En fait, elle a déjà fait une croix sur les hommes, le plaisir, la joie de vivre, la vie tout court. Elle n’en attend plus rien. Elle survit, supporte sa honte. Mais il y a son fils. C’est pour lui qu’elle décide de « s’arracher ». Pour le sauver d’un destin semblable à celui de son père, elle se remet en selle, se force à redevenir une femme, une femme avec un corps de femme.

Paul est de la race des hommes « qui ne plient pas ». Lui aussi a un passé difficile : ses parents l’ont débarqué à l’âge adolescent dans cette ferme avec sa petite sœur. C’est un taiseux, tout comme Annette. Chacun respecte l’autre, son silence, sa douleur. Ils continuent leur chemin ensemble, solidaires mais sans illusions. Et Annette recommence à respirer, à respirer cette campagne pleine de bruits et d’odeurs inconnus.

Voilà. Un livre qui n’a rien de spectaculaire, qui est aride et grave comme ses personnages, mais qui en même temps va à l’essentiel, vers la lueur, l’espoir, la vie.

(paru chez Folio)

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