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15 juillet 2008

Carlos RUIZ ZAFÓN - L'Ombre du vent

l_ombre_du_vent

*****

(par Annabelle)
Voilà plus d'une semaine que je n'ose poster un article ici, de crainte de dire quelque chose qui gâcherait l'essence même de ce roman......

Après recherches, j'ai découvert que L'Ombre du vent est le quatrième roman écrit par Carlos RUIZ ZAFÓN, et d'ailleurs son premier roman pour adultes... mais je doute que cela vous intéresse !

L'histoire débute en 1945 avec un "je me souviens" magistral - le "je" étant donc le narrateur de l'histoire - il commence par nous raconter le tout début de matinée qui l'a le plus marqué dans sa vie (il n'avait alors que dix ans) : celui où son père l'a emmené pour la première fois visiter le Cimetière des Livres Oubliés.

De quoi intriguer n'est-ce pas ? J'ai eu la même réaction... d'autant plus que plusieurs de mes connaissances m'avaient longtemps harcelée avec des "Tu dois lire ce livre ! Il le faut !" tout en me donnant quelques détails croustillants - assez pour aiguiser ma curiosité, mais pas assez pour la calmer - ce qui a fait que j'ai fini par m'y mettre !

Extrait (Daniel - le narrateur - est conduit pour la première fois par son père - un libraire - au Cimetière des Livres Oubliés) :

-Bienvenue, Daniel, dans le Cimetière des Livres Oubliés. [...] Ce lieu est un mystère, Daniel, un sanctuaire. Chaque livre, chaque volume que tu vois, a une âme. L'âme de celui qui l'a écrit, et l'âme de ceux qui l'ont lu, ont vécu et rêvé avec lui. Chaque fois qu'un livre change de mains, que quelqu'un promène son regard sur ses pages, son esprit grandit et devient plus fort. [...] Quand une bibliothèque disparaît, quand un livre se perd dans l'oubli, nous qui connaissons cet endroit et en sommes les gardiens, nous faisons en sorte qu'il arrive ici. Dans ce lieu, les livres dont personne ne se souvient, qui se sont évanouis avec le temps, continuent de vivre en attendant de parvenir un jour entre les mains d'un nouveau lecteur, d'atteindre un nouvel esprit. Dans la boutique, nous vendons et acgetons des livres, mais en réalité ils n'ont pas de maîtres. Chaque ouvrage que tu vois ici a été le meilleur ami de quelqu'un. Aujoud'hui, ils n'ont plus que nous, Daniel. Tu crois que tu vas pouvoir garder ce secret ?
Mon regard balaya l'immensité du lieu, sa lumière enchantée. J'acquiesçai et mon père sourit.
- Et tu sais le meilleur ? demanda-t-il.
Silencieusement, je fis signe que non.
- La coutume veut que la personne qui vient ici pour la première fois choisisse un livre, celui qu'elle préfère, et l'adopte, pour faire en sorte qu'il ne disparaisse jamais, qu'il reste pour toujours vivant. [...] Aujourd'hui c'est ton tour.

C'est donc là que Daniel, le narrateur, trouvera L'Ombre du vent, le dernier livre d'un auteur bien particulier : Julián Carax. Par la suite, cette acquisition et sa curiosité envers l'auteur vont lui causer bien des soucis et changer sa vie du tout au tout !

Extrait (c'est un flash-back dans lequel on retrouve Julián Carax et Jorge Aldaya, deux adolescents - et futurs amis d'enfance - qui viennent de se rencontrer via M. Ricardo Aldaya) :

- [...] Regarde, voici Jorge. Jorge, je veux que tu fasses la connaissance d'un garçon formidable qui sera ton nouveau camarade de classe. Julián Fortu...
- Julián Carax, précisa celui-ci.
- Julián Carax, répéta Aldaya, satisfait. Ce nom sonne bien. Je te présente mon fils Jorge.
Julián tendit la main de Jorge Aldaya et la serra. Son contact était tiède, sans enthousiasme. [...] Les vêtements et les souliers qu'il portait semblèrent à Julián sortir tout droit d'un roman. [...]
- Est-ce vrai que tu n'as lu aucun de ces livres ?
- Les livres sont assommants.
- Les livres sont des miroirs, et l'on n'y voit que ce qu'on porte en soi-même, répliqua Julián.
M. Ricardo Aldaya rit de nouveau.
- Eh bien, je vous laisse faire connaissance, Julián, tu verras que Jorge, sous ses dehors d'enfant gâté, n'est pas aussi bête qu'il le paraît. Il tient quelque chose de son père.
Les paroles d'Aldaya semblèrent tomber comme des poignards sur le garçon, mais son sourire ne faiblit pas d'un millimètre. Julián se repentit de sa réplique et eut de la peine pour lui.
- Tu dois être le fils du chapelier, dit Jorge, sans malice. Mon père parle beaucoup de toi, dernièrement.
- C'est l'effet de la nouveauté. J'espère que tu ne m'en veux pas. Sous des dehors de monsieur je-sais-tout, je ne suis pas aussi idiot que je le parais.
Jorge sourit. Julián trouva qu'il souriait comme les personnes qui n'ont pas d'amis, avec gratitude.

Ce livre... tsss... je ne sais comment en parler ! C'est, je crois, l'un des seuls livres que j'ai lu auquel je n'ai absolument rien à reprocher...
Il n'y a aucune présence d'incohérences dans le récit, ni de rebondissements abracadabrantesques...... C'est une véritable mine d'idées, d'allusions et clins d'oeil littéraires... L'histoire est complète et, même si par moments on pourrait - faut vraiment être de mauvaise foi - reprocher à Ruiz Zafón de donner trop d'informations, trop d'indices ou encore trop de possibilités de suite différentes et d'idées à approfondir, il n'abandonne jamais une piste et on ne se rend compte qu'à la fin qu'en fait tout tient debout à merveille..... tout en laissant place à une magnifique romance pour les amateurs... ! Il s'agit purement et "simplement" d'un serpent qui se mord la queue : Le roman débute et finit lors d'une matinée brumeuse, avec un père et son fils de dix ans qui se rendent dans ce fâmeux Cimetière des Livres Oubliés... lorsqu'on arrive à la fin après moultes et moultes péripéties et événements inattendus, on se retrouve dans le dernier chapitre une dizaine d'années plus tard - 1966, exactement 21ans après le début du livre - et les mots redeviennent familiers... "Tiens ?! J'l'ai pas déjà lu, ça ?"... un air de déjà-vu s'installe, le réflexe veut qu'on vérifie au début du livre : eh oui : mêmes lieux, même âge, mêmes mots......on en reste baba !!!

Ce qui marque le plus, c'est l'ambiance ! Toute l'histoire - flash-backs exceptés - se déroule dans une Barcelone de l'après-guerre civile (pour donner une vague idée, le narrateur a dix ans en 1945). Lorsque les personnage sortent de chez eux, c'est le soir - en tout cas pour les meilleurs moments - et l'ambiance se fait tout de suite un peu glauque, mystérieuse..... d'autant plus lorsqu'ils s'amusent à visiter de vieilles bâtisses abandonnées la nuit avec du vent, de la neige et un psychopathe à leurs trousses (j'avoue, j'exagère l'histoire, mais on le vit vraiment comme ça).

A LIRE, LIRE

ET RELIRE

SANS FAIM NI FIN !!!

(édité en Livre de Poche)

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Commentaires
A
Désolée, P., mais de Prada, vraiment, je ne peux pas. Je déteste son style. Il m'a inspiré un commentaire très méchant, mais néanmoins sincère (v. "La Tempête")...
P
L'important, c'est de l'avoir lu. Formidable livre ! Et à côté, dans ma bibliothèque, trône son frère, "la vie invisible" de Juan Manuel de Prada (Seuil), avec ces premières phrases :"Au-dessus de cette vie que nous croyons unique et invulnérable court, semblable à une source souterraine, une vie invisible ; à moins qu'elle ne courre au-dessus, telle une bourrasque d'apparence inoffensive dont le baiser donne pourtant le frisson et glace jusqu'aux os. Quand cette vie invisible nous frôle, nous sentons, un instant, la terre se dérober sous nos pieds."<br /> <br /> Un certain P. vous conjure de le lire...<br /> <br /> Amicalement.
A
Mais oui, mais oui, cela faisait effectivement un petit moment que je te harcelais pour que tu t’attaques à ce roman… sans que tu m’écoutes ! Par contre, il a suffi qu’un certain A. t’en parle et tu t’es précipitée ! Je suis vexée !!!! Mais bon, l’objectif est atteint, tu l’as lu et aimé ! Je te l’avais dit ! L'histoire est d'une rare originalité. Une fois plongé dedans, on ne s’arrête plus !
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  • Une envie de parler des livres que nous avons lus, que nous les ayons aimés ou non... Nous, c'est Alexandra et sa fille Annabelle, mais aussi parfois Pauline (la deuxième fille qui est en fait la première) et Yves (le chef de famille!)
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