Andrea Maria SCHENKEL : La ferme du crime
(par Alexandra)
Voici un polar allemand qui me concerne à plus d’un titre … d’abord, parce que son auteure est née dans la même ville que moi, et qu’elle habite actuellement dans un village à 5 km de celui où j’ai grandi … et puis parce que, dans le texte original, j’ai retrouvé un style d’une authentique « lourdeur bavaroise » qui m’a rappelé bien de souvenirs… J’entends par là non pas le dialecte, mais les expressions, le lexique un peu vieillot, la structure des phrases, l’utilisation systématique du parfait au lieu du prétérit … les germanistes sauront de quoi je parle…
J’ai donc goulument avalé ce petit livre … et franchement, je n’ai pas aimé du tout (excuse-moi, Andrea Maria, même si tu habites à Pollenried !) Il a beau être sur toutes les listes de best-sellers en matière de roman policier, je n’ai pas été touchée le moins du monde…
Je reconnais que ce roman noir sort de l’ordinaire, qu’il ne ressemble pas à la moyenne des polars qu’on peut lire (j’ai vu dans un papier quelque part qu’on le comparait à «De sang froid» de Truman Capote … certes, il y a des similitudes, mais hélas, je l’ai détesté également, merci pour la comparaison !).
Pour résumer rapidement : l’auteure s’est basée sur un fait divers des années vingt qu’elle a transposé à l’époque d’après-guerre. Il s’agit d’une tragédie familiale, tous les membres d’une même famille ayant été retrouvés sauvagement assassinés dans la grange de leur ferme isolée. Le déroulement des faits est reconstitué de manière totalement neutre, sans émotion. On prend connaissance des témoignages des différents acteurs, dans une succession de courts récits sans réelle chronologie. Le lecteur est obligé de se débrouiller tout seul...
A vrai dire, cette structure narrative enchevêtrée m’a quelque peu énervée, tout comme l’ambiance pesante… s’il n’y avait pas le crime, on pourrait se croire dans un documentaire sur la vie à la campagne profonde bavaroise des années cinquante, rythmée par la messe et les prières … (mais une copine originaire du Jura m’a assuré que ce n’était pas le propre de la Bavière !!!), d’autant plus que la résolution de l’énigme n’a absolument rien de saisissant…
Bref, je regrette, mais je me vois mal faire de la pub pour ce livre …
(paru chez Actes Sud - actes noirs)