William SUTCLIFFE : Vacances Indiennes
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(par Alexandra)
L’Inde est ici vue par un petit branleur londonien de 19 ans, Dave, qui en fait n’a aucune envie de voyager (et encore moins en Inde !) mais se laisse embarquer pour un séjour de trois mois par une copine dans l’espoir de la baiser (désolée, mais c’est le mot juste !)…
Le récit est à l’avenant : avec une innocence assez hilarante, Dave est plongé dans l’univers des routards, «le livre» (il parle du guide «Lonely Planet») à la main et une question obsédante en tête : «A quoi passer son temps» en «terre de dysenterie et de pire encore»… ?
C’est assurément un livre à lire au deuxième degré !!! Les routards en quête de dope pas chère, les fifilles de bourges en quête de spiritualité, les jeunes carriéristes en quête d’expériences tiers-mondistes qui pourraient mettre en valeur leur futur CV, les touristes en autocar climatisé… tout le monde en prend pour son grade ! L’Inde aussi d’ailleurs, car vue ici presque exclusivement sous l’angle sanitaire par un occidental aux idées un peu étroites, elle n’est pas franchement très alléchante !
Sincèrement, j’ai quand même bien rigolé par moments : «J’observais les passants, et ils n’avaient rien de commun avec les Indiens d’Angleterre. Ce n’était pas une question de différence physique ni même le fait de porter des vêtements bizarres, non, il y avait autre chose que je n’arrivais pas à saisir. Un je-ne-sais-quoi dans leur façon de bouger, dans l’expression de leurs visages, en tout cas, ça me faisait complètement flipper. Et partout où je portais mon regard, ils étaient des centaines… à se gueuler après, me hurler de «prendre taxi», «manger très bonne nourriture» ou «téléphoner longue distance pas cher», sans jamais cesser de se bousculer, caqueter, se chamailler et, d’une manière générale, se comporter comme s’ils étaient chez eux.»
Ce n’est qu’un exemple des observations qui m’ont rappelé les récits de voyages de Mark Twain, et en particulier son mémorable « A tramp abroad », l’histoire d’un Américain tout aussi innocent que notre bon Dave et qui découvre les hauts lieux touristiques en Europe… m’enfin, je dis bien «rappelé», car je ne trouve tout de même pas chez Sutcliffe les qualités littéraires de Mark Twain. Bien au contraire, d’un point de vue stylistique les «Vacances indiennes» font aussi peur que du point de point sanitaire… mais je pense que c’est voulu.
Donc une lecture rapide qui détend, à déconseiller à tous ceux qui comptent partir en Inde…
(traduit de l’anglais par Philippe Rouard ; paru en 2003 chez Denoël et en poche chez 10/18)