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31 octobre 2010

Olivier ADAM : A l'abri de rien

Adam___A_l_abri_de_rien

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(par Alexandra)

Mon premier roman d’Olivier Adam, et je ne suis pas déçue. C’est un petit livre très intense, très fort émotionnellement… très intimiste aussi, car tout se passe dans la tête de la narratrice dont nous adoptons d’emblée le point de vue pour découvrir au fur et à mesure des pages que ce point de vue est quelque peu particulier, déformé
Elle s’appelle Marie, notre narratrice, elle doit avoir une petite trentaine d’années, elle est maman de deux enfants, Lucas (dont on sait qu’il va à l’école) et Lise, la petite, qui va à la maternelle. Marie a épousé Stéphane qui conduit le car scolaire local. Toute la petite famille habite un lotissement tout neuf aux abords de Calais et, à première vue, elle a tout pour être heureuse.

Mais non. Très vite nous nous rendons compte qu’il y a une fêlure quelque part, que Marie ne va pas très bien, qu’elle n’est pas à sa place dans cette vie petite-bourgeoise. Alors qu’elle reste en panne un soir sur une route perdue avec un pneu crevé, un « Kosovar » lui vient en aide. Et peu de temps après, lorsqu’elle prend conscience que la Croix Rouge a installée sur la place de la Mairie une tente à l’intention des réfugiés, elle propose son aide à Isabelle, grande organisatrice des secours à ces malheureux qui survivent dans le dénuement le plus total. Evidemment, il ne s’agit pas de « Kosovars », comme la population les appelle, mais de Pakistanais, d’Irakiens, d’Afghans et de certains ressortissants africains qui attendent tous de passer illégalement en Angleterre, et qui, depuis la fermeture du centre d’accueil à Sangatte, n’ont plus d’endroit où se réfugier
(on connaît la suite)

Secourir ces personnes encore plus malheureuses qu'elle-même va devenir l’obsession de Marie, son idée fixe. Elle en oublie ses enfants, n’écoute plus son mari, brave les interditsEt là où le lecteur l’a suivie jusque là sans hésiter dans son élan de générosité, il commence à se rendre compte que quelque chose cloche ; que la réalité n’est pas tout à fait comme Marie la représentec’est d’ailleurs très habilement suggéré: à chaque fois que Marie nous décrit les yeux écarquillés de son fils ou les pleurs de sa fille ou de son mari, on passe de l’autre côté pour voir Marie à travers les yeux des autres ; des enfants, du mari, mais aussi de la voisine, l’instit ou les camarades de classe de Lucas… et force est de constater qu’ elle est « folle »qu’ elle déraille complètement, errant telle Adèle H. jusqu’au « black-out »

Bien sûr, il y a des explications à la maladie de Marie, il y des blessures enfouies profondément. Marie a déjà une histoire avant le début du roman. Tout cela apparaît en filigrane, et c’est au lecteur de faire le lien et de mettre bout à bout les différents éléments

Le tout est très bien écrit, dans un style fluide et sur un rythme qui s’adapte à l’état mental de l’héroïneoui, j’ai beaucoup aimé. Et d'autant plus que ce roman nous rappelle également que tous ces réfugiés que l'on traite comme du bétail sont des êtres humains, qu'ils ont des sentiments, un nom, une famille!


(paru aux Editions de l’Olivier, et en format poche dans la collection POINTS)

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  • Une envie de parler des livres que nous avons lus, que nous les ayons aimés ou non... Nous, c'est Alexandra et sa fille Annabelle, mais aussi parfois Pauline (la deuxième fille qui est en fait la première) et Yves (le chef de famille!)
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